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21 mai 2007

Bording gates

Entouré de ses comédiens Asia Argento et Michael Madsen, Olivier Assayas est venu sur la Croisette présenter son nouveau film, Bording Gate. Nous avons ainsi eu la chance de revenir avec lui sur un tournage qui a beaucoup fait parler…

boarding gate

Il y avait beaucoup d’excitation à vous savoir tourner à Hong Kong : comment avez-vous abordé cette partie du tournage, dans une ville on ne peut plus cinématographique ?
L’envie était à la fois de tourner à Hong Kong, mais aussi de tourner dans les conditions dans lesquelles le cinéma de Hong Kong se fait. Souvent, les cinéastes occidentaux y vont avec leur infrastructure, leur équipe et leurs habitudes de travail. Au contraire, ce dont j’avais envie, c’était vraiment de laisser Hong Kong absorber le film. Je connais bien le cinéma de Hong Kong, je suis souvent allé sur des tournages de cinéma HK, et j’ai vu qu’il y avait une forme d’énergie, de tension que j’aimais beaucoup, même si je n’en connaissais pas les codes. J’ai donc décidé de venir à Hong Kong avec le noyau principal de l’équipe et de voir comment trouver sur place la bonne manière de profiter de ce que j’aime dans l’énergie de la ville et de son cinéma. Comme c’est un film que l’on a fait dans des conditions économiques restreintes, je trouvais assez excitant de nous mettre dans les conditions d’un cinéma de guérilla à l’autre bout du monde, il y avait un côté aventureux dans ce projet qui me séduisait beaucoup. Au fond, toute la tension que je construis dans le film est faite pour arriver à restituer les sensations que j’ai toujours eues en allant à Hong Kong.

boarding gate

Quand on rencontre Asia Argento, on est frappé par son extrême sensualité et le naturel de sa rock’n roll attitude : c’est ce qui vous a attiré chez elle ?
Ce qui m’a attiré, c’est une authenticité inaltérable, magique pour un cinéaste : Asia n’est jamais fausse, c’est une comédienne qui a une exigence de vérité constante. Elle a des antennes pour sentir immédiatement que quelque chose est faux. En plus de sa sensualité, il y a quelque chose de très physique chez elle, dans le sens comédienne de film d’action. C’est ce que j’aimais avec elle : c’est un type de comédienne avec lequel je n’avais jamais tourné et que je pouvais emmener à Hong Kong avec moi. Il y a beaucoup de comédiennes françaises avec lesquelles j’aurais pu avoir envie de tourner, mais je ne voyais pas avec laquelle je pouvais faire ce genre d’acrobaties. Je savais que pour Boarding Gate, il me fallait quelqu’un qui soit interprète et complice.

Non seulement on apprécie de retrouver Michael Madsen dans un « vrai » rôle, mais on reste scotché de la tension érotique qui se dégage d’Asia et de lui dans leur toute première scène. Comment travaille-t-on ce ressenti ?
La conception de la mise en scène est faite tout entière pour essayer de saisir l’intime de la façon la plus pure possible. Cette fois, nous avions deux interprètes aux présences physiques très fortes, dotés d’une intensité particulière. Il fallait donc inventer une manière de tourner qui préserve une précision de découpage et de construction - pour que ces longues scènes aient une solidité dramaturgique - mais en même temps, qui ne gâche pas les choses par trop de répétitions. Ce qui fait que les deux tiers de leurs scènes n’ont pas été répétées : on se jetait à l’eau, choisissant en deux minutes des stratégies en fonction des hypothèses de ce qui pouvait se passer entre eux. Ils se mettaient en danger, prenaient des risques, et nous aussi.

boarding gate

Il y a finalement peu de scènes « hot » dans le film malgré la tension érotique de l’ensemble, pourquoi ?
Ce qui m’intéressait surtout, c’était l’idée de voir comment quelqu’un se libère de ce qui l’a emprisonné. Arriver à construire une logique – qui n’est pas dans l’instant, mais dans la compréhension graduelle de ce qui est en jeu depuis longtemps entre ces personnages - et de montrer comment leur relation les étouffe l’un et l’autre, leur état de dépendance l’un à l’autre et le besoin vital de s’arracher l’un de l’autre.

Il y a beaucoup moins de musique que dans vos précédents films…
J’ai toujours l’impression qu’il y a des films qui acceptent la musique et d’autres qui la repoussent. Pour celui-ci, j’ai essayé plein de choses, mais rien ne marchait à mon sens, sauf des musiques que j’avais un peu utilisées dans Clean, des nappes de Bryan Eno, des choses graves. L’utilisation de la musique, quand je l’essayais, déconcentrait, et faisait sortir de la tension du film : je trouvais bon de la voir intervenir ponctuellement, de façon très forte, mais très peu.

Propos recueillis par Mathilde Lorit

Source: http://www.dvdrama.com/news.php?20274

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