Jean-Pierre Dionnet
Le Festival du Film Asiatique de Deauville ne pouvait compter sans la présence de Jean-Pierre Dionnet, invité pour cette 9e édition à faire partie du jury de la compétition longs métrages. Toujours aussi bouillonnant, il revient sur sa découverte du cinéma asiatique, avant de dresser un bilan sur la distribution des films asiatiques en France, de plus en plus rare sur le grand écran, et sur les incursions des talents d'Extrême Orient en Occident…
Excessif : Quelle a été votre première rencontre avec le cinéma asiatique ?
Jean-Pierre Dionnet : Ma première rencontre avec le cinéma
asiatique est d'un banal absolu, mais je crois qu'elle est
générationnelle. On en parlait avec Gans, entre autres, qui est un peu
plus jeune que moi. On appartient à la même génération de cinéphiles.
En ce qui me concerne, j'ai vraiment commencé par Bruce Lee, dont les
films se jouaient dans une salle populaire appelée le Hollywood
Boulevard. Elle diffusait principalement de la Black Exploitation, du
western spaghetti et quelques films de kung fu. Il y a eu Bruce Lee
d'une part, et un film de King Hu d'autre part, Pirates et guerriers,
qui était complètement coupaillé parce qu'il avait été remonté. Ce film
m'avait ébloui formellement, alors que pour ce qui est de Bruce Lee,
j'étais davantage impressionné par sa présence puisque les films
n'étaient pas bien bons, il faut bien dire. Je crois que mon premier
article date de 1965 ou 66 dans le journal Pilote. J'y avais écrit : "Il y a un nouveau Fred Astaire, il s'appelle Bruce Lee". Plus tard, dans les années 70, j'avais récidivé dans un autre article, de Rock & Folk cette fois, en déclarant : "Il y a un nouveau Fred Astaire, il s'appelle Michael Jackson".
Le point commun entre tous ces gens est qu'ils donnent l'impression
d'une facilité extrême en faisant des choses impossibles. Je les
différencie de ceux dont on sent l'effort. En comédie musicale par
exemple, on sent l'effort avec Gene Kelly mais pas avec Fred Astaire,
et en combat, j'opposerais Donnie Yen, même s'il est beau, à Bruce Lee.
Évidemment, j'ai une admiration folle pour ceux qui font semblant de
nous faire croire que c'est facile, car ça veut dire qu'ils ont
beaucoup plus travaillé et qu'ils se sont mis dans un état inimaginable
pour donner cette impression d'apesanteur. Bruce Lee avait toutes les
qualités. Ce qui est marrant, c'est que ce ne sont pas les femmes qui
allaient le voir, puisque c'était un quartier fréquenté par des mecs,
mais il n'empêche qu'on était vraiment fous de Bruce Lee. On n'était
pas "amoureux" de lui mais on le trouvait beau. Je ne crois pas qu'on
ait jamais dit ça d'un autre acteur.
Quels sont vos genres cinématographiques de prédilection ?
Je n'ai pas de genre de prédilection, j'aime les bons films. Je n'ai
pas non plus de pays de prédilection. Je dirais que dans les films
asiatiques récents des dix dernières années, si je ne devais en garder
que deux ou trois, ce serait d'abord définitivement Audition de Takashi Miike. Puis, un peu plus loin dans le temps, il y a O.C.T.B.,
réalisé par un metteur en scène qui a un peu disparu et que j'adorais,
Kirk Wong. Ce film a d'ailleurs été honteusement plagié dans Heat au niveau de la trame scénaristique, ce dont personne ne s'est aperçu. Pour ce qui est des films mélodramatiques, je dirais Center Stage
de Stanley Kwan, qui me fait pleurer à chaque fois. Bien sûr, tout cela
est absurde car jamais je ne pourrais me contenter de trois films. Ou
alors il me faudrait rajouter le quatrième, qui m'a ouvert des portes
et qui est le premier film de grand metteur en scène moderne qu'il
m'ait été donné de voir : L'Enfer des armes de Tsui Hark. Quand
je l'ai découvert, j'ai été stupéfié. Il s'agissait pourtant de la
version remontée, mais quelle violence ! La première fois que j'ai
rencontré Tsui Hark, j'ai eu la maladresse de lui dire que de tous ses
films, je préférais le premier. Il m'a répondu : "Eh bien, c'est gentil…".
J'ai cherché à me rattraper mais au lieu de ça, je me suis empêtré
davantage… et vous savez que dans ces cas-là, il vaut mieux laisser
tomber. Ce n'est que récemment, alors qu'on était à Venise ensemble
pour présenter Seven Swords, qu'il m'a avoué comprendre ce que j'avais voulu dire sur L'Enfer des armes.
Il reconnaissait que le film possédait quelque chose qu'il n'avait pas
retrouvé depuis, une espèce de jaillissement, d'impertinence. Il m'a
dit : "Maintenant, je réfléchis, alors qu'à l'époque je ne réfléchissais pas." Il arrivait de la télé, il faisait son premier film et on le laissait tranquille.
Vous dîtes avoir une prédilection pour les bons films, mais qu'est-ce qu'un "bon film", selon vous ?
En ce qui me concerne, je ne suis pas du tout partisan du film détaché,
pour répondre à ceux qui disent que le cinéma nous manipule. Moi, je
veux être manipulé. Récemment, Babel
m'a arraché les tripes, je me suis senti très mal à la fin tout en
trouvant le film admirable. Puis je l'ai revu et je me suis encore
senti très mal. Je préfère généralement me sentir très bien en sortant,
comme avec Le Nouveau Monde de Malick, mais si je ressens un
malaise, je suis très content aussi. Un bon film doit, à un moment
donné, changer ma vie ou ma perception des choses, même si c'est
seulement pour deux ou trois heures. Quand j'étais juré en Espagne à
Sitges, j'ai trouvé Black Book de Verhoeven tellement bien que
j'ai demandé à être excusé du jury pour les deux séances suivantes. Je
les ai rattrapées le lendemain, mais ce jour-là je voulais garder le Black Book jusqu'au soir.
L'ENFER DES ARMES, de Tsui Hark
Quels sont, selon vous, les genres cinématographiques les plus délicats à traiter ?
Je pense que les genres cinématographiques les plus difficiles sont le
film d'horreur et la comédie, car il y a dans chaque cas un règlement à
respecter. Le film d'horreur doit faire peur, sinon c'est un échec de
mon point de vue et il est inutile d'essayer de me faire croire que
c'est distancié. Quant à la comédie, elle doit faire rire. Le problème
est que l'humour n'est pas forcément le même d'un continent à l'autre.
J'ai beau bien connaître l'Asie, certains gags dans les comédies
asiatiques ne me font pas rire, alors que le public local en raffole.
Ils aiment beaucoup les histoires de défécation, par exemple. Dans L'Ile,
quand la caméra filme par en-dessous les fesses du gars qui fait caca
dans l'eau, je ne trouve pas ça évident dans ce film par ailleurs très
sensible. Mais je l'accepte, je sais que c'est le mélange des genres.
Je sors d'un film qui a ce type d'humour (ndlr : Getting Home,
présenté en compétition), tout en n'étant pas si éloigné que ça de
l'humour anglais. Cela dit, ce qui peut nous paraître a priori grossier
ne l'est pas en réalité. Ils sont beaucoup plus proches du corps que
nous et pour eux, rien n'est tabou. Au contraire, il y a chez nous des
choses dont on ne parle pas. Un Chinois m'avait d'ailleurs dit que ce
qu'il n'aimait pas dans les films américains, c'était leur manière de
déformer la jeunesse. En disant, par exemple, que s'ils copulent
jeunes, un Freddy ou un Jason vont venir les tuer, et qu'il est donc
dangereux de faire l'amour avant le mariage. Il n'aimait pas cette
morale.
UNE NUIT A MONGKOK
Dans les films asiatiques, le sexe avant le mariage n'est pas particulièrement bien vu non plus…
Oui. Il y a par ailleurs autre chose qui me fascine dans les films que
je viens de voir en compétition : toutes les musiques sont
occidentalisées. Or tous ne datent pas de la même année. Dans le film
qu'on vient de voir, le moment où l'acteur reprend en maugréant une
chanson de Cheng Pei-Pei est la seule occasion d'entendre une musique
orientale. Je trouve cela terrible, même si je sais bien que c'est à
cause de l'exportation. Je sais aussi que les Coréens ont bien étudié
les films américains pour s'inspirer de leur manière de faire des films
catastrophes, mais ça m'embête un peu. D'un autre côté, je viens de
voir en DVD le remake de La Submersion du Japon (ndlr : Japan sinks) qui, avec un budget moindre, est aussi bien que Le jour d'après.
J'avoue pourtant que j'aimais bien ces films catastrophe fauchés où on
voyait s'écrouler des maisons d'allumettes. On ne peut pas refaire le
monde, sinon on verse dans la nostalgie, et le film est vraiment
réussi. Au niveau des personnages, il est d'ailleurs mieux que Le jour d'après. Ça me rappelle l'époque où Steve McQueen jouait dans des films catastrophe comme La tour infernale,
et où on avait assez de temps pour s'attacher aux personnages. Leur
mort avait par conséquent un impact. Aujourd'hui, dans la plupart des
films catastrophe américains, les personnages ont tellement peu
d'intérêt qu'on se fiche de savoir ce qui va leur arriver.
A ce propos, pour ce qui est de l'occidentalisation des films
asiatiques et autres mélanges, deux points de vue s'affrontent :
certains défendent un cinéma "pur" dans ses influences et d'autres, au
contraire, cherchent à abolir les frontières et fondre différents
styles. Qu'en pensez-vous ?
Il n'y a rien à faire, à moins d'espérer lutter contre une digue qui a
rompu. Les nouvelles générations sont multiethniques dans leur culture.
De nos jours, en France, les jeunes préfèrent faire du manga que de la
bande-dessinée, les internautes en savent plus sur les films asiatiques
que la critique… Les jeunes Américains aiment retrouver des éléments
asiatiques dans leurs films et vice versa. Jackie Chan m'avait confié
un jour que Tribulations d'un Chinois en Chine
avait été pour lui une vraie révélation. D'un côté, comme beaucoup de
Chinois, il avait découvert avec ce film des cascades en bagnole qu'il
n'avait jamais vues avant, et de l'autre, Pierre Richard lui avait
montré qu'être excessif permettait de repousser les limites même si on
en fait trop. La boucle est finalement bouclée parce qu'on oublie
souvent que le premier grand chef opérateur d'Hollywood était chinois.
Il s'appelait James Wong Howe, et il était arrivé avec une actrice
chinoise, Anna May Wong, qui a fait carrière aux Etats-Unis. Le
métissage a commencé tôt. Mais en général, alors que le métissage entre
l'Amérique et l'Europe est facile, il est vrai que l'Amérique a
beaucoup de mal avec les Asiatiques. Les Américains reconnaissent ne
pas les comprendre et ils ne savent pas par quel bout les prendre
lorsqu'ils les engagent. On assiste donc la plupart du temps à de
vraies catastrophes. Parmi les metteurs en scène, aucun n'a gagné à
aller à Hollywood.
JUDO, de Johnnie To
Surtout si c'est pour faire des remakes de leurs propres films…
Tout à fait. Face / Off
de John Woo a été la collaboration la plus concluante, même s'il
s'agissait en quelque sorte d'un best of. Mais comme le dit John Woo,
il gagne vingt fois plus d'argent aujourd'hui en faisant un film tous
les deux ou trois ans. Il n'en pouvait plus du rythme de Hong Kong. A
ses yeux, en Amérique, on est payé pour ne pas travailler. Ce qui a été
profitable pour lui a dans le même temps provoqué le silence de gens
comme Kirk Wong, ou encore la régression de Ringo Lam et de Tsui Hark.
Et ça, c'est terrible. Concernant Hideo Nakata, qui est lui aussi resté
silencieux durant quelques années, il est heureusement reparti au
Japon. Je le suis depuis ses débuts et il me considère un peu comme un
"tonton". Alors qu'il travaillait aux Etats-Unis, il est venu me voir à
deux reprises à Paris. La première fois, il m'a demandé s'il devait
retourner au Japon et je lui ai simplement répondu : "c'est à vous de voir".
Il est resté. La deuxième fois, il m'a avoué qu'il avait envie de
rentrer au Japon. Je lui ai dit qu'il avait sa question et sa réponse,
et que je l'avais laissé faire l'année précédente parce que j'avais vu
qu'il hésitait encore. Puisqu'il avait pris sa décision, je lui ai
conseillé de filer très vite car l'Amérique n'est pas loin et qu'ils
pourraient le rappeler à loisir. Mais il n'y a rien de pire que de
devenir une "vieille nouveauté". Un réalisateur après lequel tout le
monde court, dont le film se fait ou non et dont on se dit au bout de
cinq ou six ans qu'il ne fait plus rien. C'est ce qui est arrivé à Kirk
Wong. L'Amérique absorbe très bien les Occidentaux mais pas les
Asiatiques, à de rares exceptions près.
SEVEN SWORDS, de Tsui Hark
Pour quelle raison, à votre avis ?
Je crois qu'il y a une trop grande différence culturelle, ainsi qu'une
part de racisme inconscient mais réel. Les Américains pensent que les
Asiatiques sont impénétrables, énigmatiques et ça les met mal à l'aise.
Si l'on excepte John Woo qui, par chance, est assez proche des
Anglo-Saxons par son goût de la liturgie religieuse occidentale, les
Asiatiques s'aperçoivent qu'ils sont amenés à travailler sur des
projets qui ne leur correspondent pas. Les Américains ne les font pas
venir pour ce qu'ils véhiculent mais pour la manière dont ils
véhiculent quelque chose. Juste pour le geste, en somme, sans jamais se
dire que ce geste vient de quelque part. C'est ce qu'ils ont toujours
fait. Mais les générations précédentes, les Preminger, les Fritz Lang
et autres, arrivaient bizarrement à être plus libres malgré le système
de studios. On oublie souvent qu'au sein des studios, les réalisateurs
pouvaient aller jusqu'à tourner cinq ou six films par an. Et tant
qu'ils rapportaient de l'argent, on leur faisait confiance et ils
arrivaient parfois à choisir, au milieu de tout ça, le projet qui leur
correspondait. Pour en revenir aux Asiatiques, la plus grande
catastrophe reste toutefois les acteurs. Quand on voit ce qu'ils ont
fait de Chow Yun-Fat, qui était le Cary Grant de Hong Kong et qu'on a
forcé à jouer le second couteau asiatique avec toujours deux pistolets
dans la poche…
En même temps, il est un peu ironique de voir les Américains refaire tous les films asiatiques.
Les financiers-producteurs d'aujourd'hui ne sont pas sûrs d'eux, ils ne
sont pas les fous inconscients de la première génération ni les fous
raffinés de la deuxième. Par conséquent, ils veulent des garanties. La
garantie en question, c'est soit une propriété littéraire ou une
bande-dessinée connue, soit un film qui a marché dans son pays et dont
on peut faire un remake. A présent, l'Américain ne vous demande plus la
plupart du temps si vous avez une idée intéressante qu'on pourrait
développer ensemble, il vous demande si vous avez une idée de remake.
Le remake les rassure. Le pire est qu'ils trahissent presque toujours
totalement l'original.
Les histoires de fantômes, par exemple, ne sont pas forcément transposables, elles sont tout de même ancrées dans des cultures.
Exactement. Je travaille actuellement avec Marc Caro sur l'adaptation d'un manga de Satoshi Kon, Kaikisen,
dont il nous a enfin donné les droits. Le film ne sera pas tourné avec
des Japonais, qui seraient trop difficiles à diriger à cause des
dialogues. En cherchant, on s'est aperçu que le seul pays occidental à
avoir une isolation comparable au Japon, ainsi que des légendes de
sirènes et une religion un peu panthéiste, c'était l'Angleterre.
L'Angleterre n'est pas si loin du Japon, avec ces visions sexuelles un
peu bizarres qui viennent de sévices à l'école et autres, avec les
légendes celtes qui rejoignent un peu le taoïsme, et avec la même peur
de la mer qui leur a pris beaucoup de gens. On s'est dit qu'en tournant
en Angleterre ou bien en Ecosse, il serait possible de faire un film
qui reste fidèle à Satoshi Kon. Il a approuvé l'idée.
THE RED SHOES, de Kim Yong-Gyun
Pourriez-vous nous parler de la distribution des films asiatiques
dans les salles françaises, qui semble se raréfier depuis quelque temps
?
Je constate en effet une importante régression, dont je crois connaître
la raison. Tous les distributeurs qui ont essayé de sortir ces films
ont été, sauf exception, déçus par les résultats. Le succès relatif de
certains films ne concerne que Paris car la province ne suit pas.
Généralement, un bon score à Paris est multiplié par 2 ½ avec la
province. Ce n'est pas vrai des films asiatiques. Tout cela entraîne
donc beaucoup de frais, car ces sorties sont coûteuses. Une sortie en
salles implique une pré-vente aux chaînes de télévision, or seuls
certains films seront sélectionnés, ce qui augmente encore le trou. Les
uns après les autres, les distributeurs de films asiatiques déchantent
ou abandonnent parce qu'ils perdent de l'argent. Et malheureusement, on
ne peut pas se permettre de perdre de l'argent à long terme sans se
casser la gueule. Le cinéma asiatique est suivi par un public hardcore,
auquel il faut ajouter le public DVD qui, lui, est partout. Si c'était
à refaire, j'aurais peut-être évité une ou deux sorties salles pour
placer davantage d'argent sur les sorties DVD. Car faire une belle
sortie, comme avec P.T.U., pour constater à l'arrivée que seules 20 000 personnes sont allées le voir…
SWORD IN THE MOON, de Kim Eui-Suk
Ce n'était pas vrai quand j'ai commencé. A l'époque, il n'y avait que Gans et moi sur ce marché. Et quand j'ai lancé Kitano ou Miyazaki, ça s'est plutôt bien passé, de même que pour lui avec les films qu'il distribuait. Comme on était tout seuls, j'ai eu quatre ans pour installer tranquillement Kitano, en sortant chaque film l'un après l'autre et en faisant tourner les copies en province. C'était le premier "nouveau réalisateur Japonais" et il y avait une vraie curiosité à son égard. J'ai la même inquiétude aujourd'hui au sujet du DVD, avec la multiplication des labels. Etant donné qu'un film qu'on n'achète pas sera forcément acheté par quelqu'un d'autre, il en sort trop et les gens sont perdus. Cela dit, ce phénomène concerne toute la culture. Les éditeurs de bande-dessinée se plaignent tous du fait qu'il y a 3 000 livres par an – alors que j'ai connu une époque où il y en avait 60 – mais ils n'arrêtent pas d'en éditer. Les directeurs de labels DVD disent tous qu'il y a trop de films, mais ils en continuent à en sortir des tonnes. Il n'y a rien à faire. Moi par exemple quand j'ai fait Asian Star je pense que j'ai fait trop, mais je voulais imposer la collection. J'y suis parvenu, mais ensuite je n'ai pas pu maintenir le rythme. Il est certain qu'avec l'arrivée de la VOD, on entre dans un autre mode de consommation.
P.T.U., de Johnnie To
A propos du festival, puisque vous êtes juré de la compétition longs
métrage, avez-vous un chouchou, même si vous ne pouvez pas dire lequel ?
J'ai plutôt eu un coup de cœur pour une comédienne que j'ai trouvée
bouleversante. Je ne connaissais pas son existence avant de venir ici
et je suis ravi de l'avoir découverte. Je ne peux bien entendu pas vous
en dire plus sur les films…
Il va y avoir de la bagarre au sein du jury ?
Pas forcément. Bien sûr, on n'est pas tous d'accord et il est clair que
les goûts de Dominique Pinon ne sont pas les mêmes que ceux du
Président du Jury ! Mais pour le moment, on se rejoint tous pour ce qui
est du meilleur film et du pire film de la compétition.
Avez-vous pu voir d'autres films de la sélection ?
Non, malheureusement, j'ai n'ai rien pu voir en dehors de la compétition. J'aurais pu aller voir Amer Béton mais comme il sort en salles, ce n'est pas la peine. Ce soir ils passent King and the Clown
qui est en compétition. Je l'ai déjà vu en salles mais je vais assister
au début de la séance parce que je voudrais sentir les vibrations chez
mes collègues. Je les ai prévenus que je ne leur dirai rien sur le
film. D'ailleurs, il était inutile que je sois juré de la compétition
Action Asia, étant donné que j'avais déjà vu tous les films
sélectionnés. Dans la compétition longs métrages, je n'en avais vu que
deux. De ce que j'ai vu, il y a des choses que j'aime plus ou moins
mais je suis toujours content d'avoir vu chacun d'entre eux, ne
serait-ce que pour un comédien, une scène ou un autre aspect. Je pense
d'ailleurs que la cinéphilie est dangereuse. Les cinéphiles qui
n'aiment que les chefs d'œuvres se privent parfois de choses
formidables. Il arrive qu'un film soit très moyen mais que l'on y
découvre un numéro de comédien extraordinaire. Regardez Ryan Gosling
dans Half Nelson. Je me doutais déjà qu'il avait de l'avenir dès que je l'ai découvert dans Danny Balint. Pareil pour Sean Penn quand j'ai vu Bad Boys
(NDLR : le film réalisé par Rick Rosenthal en 1983). En ce qui me
concerne, si un film me fait vivre trente secondes exceptionnelles, je
considère que je n'ai pas perdu mon temps.
Propos recueillis à Deauville par Caroline et Elodie Leroy
Source: http://www.dvdrama.com/news.php?19878&page=1